Visite du Mundaneum, ce
mercredi 4 octobre 2006 (Mons, Belgique)
Arrivé à Mons, trouver la rue de Nimy...
... puis le Mundaneum,
qui se trouve sur
le trottoir de gauche en montant (de toute façon, si vous
êtes en voiture, c'est sens unique), à la hauteur
des
banderoles...
Porte close. J'y suis trop tôt : c'est ouvert
l'après-midi !
Qu'à
cela ne tienne, je visite Mons que je ne connais pas. La ville est
sympa. J'ai déjà repéré une
librairie au
foutoir gigantesque et sympathique, un de ces endroits où
l'on
voudrait s'installer pour voyager de thème en
thème,
d'auteur en auteur, de collection en collection, de livre en livre...
J'y dépense quelque argent.
Je me promène encore dans la ville où je
découvre un curieux système de
commémoration.
Sous le
porche de l'hôtel de ville, cinq majestueuses plaques
évoquent le passé :
- l'une d'elle veut commémorer le
"généreux concours des Etats-Unis
d'Amérique"...
- une autre remercie les belges du Hainaut qui
ont su
hébergé les habitants de Mons
évacués par les Allemands pendant la "grande guerre" ;
- une autre salue les soldats du
régiment qui "pris
part au combat près de Mons à la retraite au
mois
d'août 1914 et à la rentrée victorieuse
le jour de
l'armistice 11 novembre 1918" ;
- une autre encore porte cette inscription :
"Reprise par
l'armée canadienne le 11 novembre 1918, la ville de Mons
recouvra sa liberté après cinquante mois
d'occupation
allemande : à Mons fut tiré le dernier coup de
canon de
la grande guerre".
Rien que de classique dans ces quatre rappels de
l'histoire
guerrière récente, histoire de la folie
meurtrière des hommes, histoire où
vécut Otlet -
qui fut, comme tous, soulagé de l'armistice, mais
peut-être encore davantage, militant pacificiste qu'il
était avec son ami La Fontaine.
Une cinquième plaque commémore autre chose. Elle
porte
l'inscription : "1876-1908 à nos pionniers". Suivent
dix-neuf
noms avec dates de naissance-mort et ville, ville africaine, ville
colonisée. Ainsi donc nos amis belges
commémorent
ensemble leur propre libération du joug de l'occupant
allemand
de 1918 et leur propre occupation des villes africaines les
années précédentes !
C'est là que la présence d'Otlet dans cette bonne
ville de Mons (avec le Mundaneum)
est une provocation, lui qui fut anticolonialiste de la
première heure...
La plaque dit aussi que "le bronze de ce mémorial a
été offert par les enfants des écoles
de Mons et
érigé par décision du Conseil communal
du 14
octobre 1930".
Pauvres petits habitants de Mons !
Que ne leur a-t-on pas fait faire !
Au nom de quoi ?
Otlet était enfant bruxellois âgé de
presque cinq
ans quand, à Mons, Verlaine îvre de douleur tira
deux
coups de revolver sur son jeune ami de 18 ans Arthur...
Aucun rapport !
À l'heure dite, je me pointe au Mundaneum.
Enfin
! Depuis que j'en avais envie ! Pierre-Jacques
déjà m'en
parlait il y a une dizaine d'année... Et puis la
préparation, cet été, de mon cours sur
l'histoire
de la documentation m'a entraîné à
(re)lire Otlet
et sur Otlet, donc sur le
Mundaneum
et les autres "folies magnifiques" d'Otlet... Bref, je m'en faisais
tout un monde !
Je m'acquitte du droit d'entrée.
Je regarde autour de moi.
Est-ce d'avoir
consulté ce
gigantesque album photo qu'est l'Internet - auquel j'ajoute maintenant
mes propres prises de vue ?J'avais l'impression de connaître
les lieux !
Juste la satisfaction de pouvoir toucher les tiroirs du
Répertoire Bibliographique Universel, tiroirs qui
ressemblent
très fort à ceux que j'ai
fréquenté
à la Sorbonne quand, au milieu des années
soixante-dix,
je travaillais dans la bibliothèque de l'UER - comme on
disait
alors - de philosophie.
Un peu déçu de ne pouvoir y lire ce qu'Otlet a
écrit, tous ces articles publiés des
années 1890
à la fin des années trente...
En
tout cas, ce Paul Otlet est un sacré bonhomme !
Je ne dis pas qu'il le fut : je dis qu'il l'est. Car sa folie
magnifique, son utopie humaniste, son rêve de grand
partage
des savoirs, son pacifisme forcené sont toujours
là,
présents parce que requis par ce monde barbare où
nous
vivons aujourd'hui. Sa personnalité reste encore et toujours
une
provocation
quasiment salvatrice à l'adresse de la folie
misérable d'un capitalisme forcené et destructeur.
Aux étages, une exposition propose un itinéraire
de l'écriture,
du
papyrus au livre électronique...
Plein de belles choses à contempler, plein de choses
étonnantes à découvrir.
Quelques
témoignages
Si vous
êtes arrivé sur cette page directement, sans
passer
par la case "Tard-Bourrichon", il vous suffit de ... vous y rendre.
© Bruno
Richardot, octobre 2006