|
Vivat ! Un
demi-siècle de chansons roubaisiennes
Comme
il arrive souvent, Vivat
! est né
d’un autre projet, lui-même avorté.
Olivier Muzellec avait sollicité Métamorphoses
et Cœli et
Terra pour l’aider à ressusciter la
vie
musicale d’une courée roubaisienne. La
courée est restée silencieuse, mais dix-sept
chansons, mélodies et garlouzettes sont, nous
l’espérons, sorties de l’oubli.
L’association
Le Non-Lieu,
s’intéressant au patrimoine musical de Roubaix,
souhaitait restituer une partie des chansons populaires,
témoins de la vie de la ville à la fin du
19ème et au début du 20ème
siècles. De son côté,
l’association
La Chapelle des Flandres, réunissant
à Roubaix, depuis 1999, les deux ensembles vocaux Métamorphoses
et Cœli et
Terra, a pour but, entre autres,
de défendre le patrimoine régional. La rencontre
des deux partenaires fut donc facile dans le projet Vivat ! : choisir
des
chansons en fonction de leur grand intérêt, les
harmoniser et les interpréter. Dans un abondant
matériau issu des bibliothèques et des archives
privées, Olivier Muzellec (Le Non-Lieu) opéra un
premier choix de soixante chansons, pour leur
intérêt poétique, sociologique ou
historique. Maurice Bourbon a opéré ensuite une
seconde sélection de quatorze chansons, pour leur
intérêt mélodique ou prosodique, ou
pour les promesses qu’elles présentaient sur le
plan harmonique. Deux garlouzettes et une chanson confiée
à un chanteur traditionnel furent enfin ajoutées.
|
|
Frank MARTIN, Messe pour deux choeurs
mixtes / Chant d'Ariel pour choeur a cappella // Ralph VAUGHAN WILLIAMS, Messe en sol mineur pour
solistes et double choeur
La
Messe pour deux choeurs mixtes « sonne comme une
véritable profession de foi, et toute l'oeuvre de Martin en
est une illustration éclatante. Sa messe, oeuvre de
jeunesse, annonce déjà la couleur : Frank Martin
est un harmoniste brillant et convaincu. Certains passages ne sont
qu'harmonie pure ». Les cinq chants d'Ariel,
écrits sur des textes extraits de La Tempête de
Shakespeare sont « de courtes pièces nerveuses
[...], évidemment théâtrales, [qu']on
pourrait qualifier de "madrigaux" : elles portent la poésie
et le rêve, et présentent de nombreuses
illustrations baroques [...]. Maître de l'harmonie [...],
Frank Martin l'est aussi, soit dans l'illustration du mot [...], soit
dans la mouvance et l'ampleur des élans.» La Messe
en sol mineur de Ralph Vaughan Williams est l'oeuvre « d'un
homme mûr. On y cherchera cependant vainement toute trace de
mollesse ou d'assoupissement, tant l'imagination du compositeur
paraît féconde et les formes qu'il emploie,
variées et colorées. [...] Les passages
exubérants et fortement charpentés dominent
[...]. L'intériorité n'est cependant pas
absente...» (Maurice Bourbon)
|
|
J.S. BACH, Te Deum et autres chorals (avec
André Isoir à l'orgue)
Parmi les Chorals pour orgue de
J.S.Bach, il en est dont la forme évoque davantage une
somptueuse partie d'accompagnement qu'une
oeuvre soliste. Leur véritable magnificence demeure en
quelque sorte virtuelle et semble appeler l'adjonction d'un choeur pour
s'épanouir pleinement. Cette remarque vaut tout
particulièrement pour le long choral Herr Gott, dich loben wir
BWV 725, version luthérienne du Te Deum latin. Cette oeuvre
nous est parvenue par une copie manuscrite de Forkel, le premier
biographe de Bach; sur cette copie figure l'incipit en allemand de
chaque verset, ce qui laisse penser qu'il pourrait bien s'agir d'une
oeuvre destinée à fonctionner avec un choeur. Le
plus récent éditeur de l'oeuvre d'orgue de Bach,
Heinz Lohmann, a quant à lui complété
ces incipits par la suite intégrale du texte et il est alors
surprenant de constater l'extraordinaire cohérence de la
prosodie avec le texte instrumental sous-jacent. Il existe par ailleurs
un recueil de chorals harmonisés à quatre voix,
colligés par C.P.E.Bach vers 1785 dans lequel figure ce Te
Deum, comme par hasard dans la même tonalité que
celle de la version "orgue"... Il suffisait alors de faire le
rapprochement et de plaquer les parties vocales sur les cinq voix du
choral pour orgue : miracle, tout paraissait fonctionner à
merveille. Devant une telle évidence, fallait-il encore
sauter le pas et valider par l'interprétation ce qui
n'était encore qu'un constat musicologique... |
|
J.S. BACH, Motets
« Nous avons choisi de restituer les motets de Bach a cappella. [...]
Plus qu'en musicologues, c'est en interprètes que nous avons
choisi d'employer les seules voix, pour gagner sur trois points
essentiels : la restitution de l'harmonie, théoriquement
rendue plus limpide par le seul ajustement des voix, plutôt
que par le triple ajustement des voix, d'une part, des instruments,
d'autre part, et des voix et des instruments entre eux ; la belle
nudité des phrasés du texte, non
dissimulée par les coups d'archets des cordes, ou les notes
tendues de l'orgue ; la dynamique ample et souple, impossible
à reproduire par les jeux d'orgue, et inaccessible
à certains instruments. La recherche de ces trois
qualités nous est en effet apparue comme essentielle, voire
impérative, pour une lecture fine de la polyphonie
foisonnante, parfois exubérante, toujours complexe, de
Bach.» (Maurice Bourbon) |
|
Domenico SCARLATTI, Messe "De Madrid"
à quatre voix
Claudio
MONTEVERDI,
Messe "In illo
tempore" à six voix
La messe de Madrid « est une composition relativement courte
et, sans doute, mineure dans l'œuvre de Scarlatti [...]. Mais
la
"patte" du maître y est toujours présente : tour
à tour grande, puissante, attendrie, "spirituelle" et gaie,
l'oeuvre est vivante. Scarlatti, dès les
premières notes du Kyrie,
nous prend par la main et, complice, nous entraîne d'un seul
souffle jusqu'au grand apaisement, aux confins des calmes
éternels, de l'Agnus
Dei. [...] Sévère et
austère, la messe In
illo tempore l'est assurément sur le plan
technique. A l'écoute, il en est évidemment tout
autrement, et Monteverdi, par un savoir-faire encore une fois
démontré, par une santé, une
vitalité et un lyrisme, dont nous ne nous lassons pas
d'admirer la force et l'intensité, nous ouvre, comme
Clorinde en mourant, les portes du ciel vénitien.»
(Maurice Bourbon) |
|
C.
MONTEVERDI, Madrigaux
du troisième livre
« La lecture
toujours plus approfondie
de l'œuvre m'a mené progressivement à
imaginer une
exécution variée, avec trois ensembles
d'effectifs
différents : un "grand" choeur (25 chanteurs), un petit
choeur
(16 chanteurs) et un quintette de solistes, formation classique pour ce
genre d'œuvres. [..] J'aime [...] laisser guider mon
interprétation par la seule forme musicale du morceau, dans
l'idée légitime qu'elle fut inspirée
au
compositeur par le sens du texte...» (Maurice Bourbon) |
|
J.
OCKEGHEM, Requiem,
Messe l'homme armé
«
Polyphoniquement sublimé, c'est bien le geste
vocal du chantre grégorien qu'on entend ici. Même
l'usage de l'effectif
vocal, dans une variété remarquable, ne fait que
s'adapter aux
pratiques d'alternance constitutives des formes liturgiques. Dans cette
simplicité, le grand art du maître polyphoniste
est de réussir à
conjuguer les exigences de l'Ordo avec un sens aigu et
déjà moderne de
la dynamique sonore : dans l'austérité de
l'œuvre, on atteint ainsi
quelques moments de très grande
intensité.» (Jean-Pierre Ouvrard) |